Réédition de l’ouvrage de 1894 - Imprimerie CHASTRUSSE et Cie, Brive, 1964
Date : 27/03/2023
Canton de Bugeat, arrondissement d’Ussel, ancien archiprêtré de la Porcherie (Haute-Vienne).
Les plus anciens souvenirs relatifs à cette paroisse sont ceux qui se réfèrent à la famille de son nom. Il y a eu plusieurs familles du nom de Murat, même en Bas-Limousin, même en des temps reculés : celle, par exemple du canton de Laroche : mais avec M. Champeval, je rattache à la maison de notre paroisse cet Archambaud de Murat que mentionne, en compagnie d’un des vicomtes de Comborn, une charte du Cartulaire d’Uzerche datée environ de 1080. Cette charte est soutenue d’un texte des Olim qui remonte à l’année 1258. Pierre de Murat, dans la pièce visée, avait quitté la châtellenie de Treignac, laquelle, on le sait, appartenait aux Comborn et englobait Murat : il était devenu bourgeois du château de Limoges. Le vicomte de Comborn réclamait en conséquence ses biens locaux, prétendant qu’il avait ainsi droit sur tous les biens de ses taillables (talliarius) qui sortaient de sa châtellenie de Treignac pour passer sous un autre seigneur. Naturellement Pierre de Murat s’inscrivait à l’encontre de la réclamation, déniant au vicomte ou le droit invoqué ou le fait qu’il fût de ses taillables. L’enquête prescrite lui ayant été plus favorable qu’au vicomte, le Parlement de Paris décida qu’il continuerait de jouir de ses possessions dans les limites de la châtellenie de Treignac.
Quarante ans après environ, l’évêque de Limoges nommait un P[ierre] de Murat, chevalier, curateur de sa vassale Galienne de Malemort, devenue l’héritière de l’importante baronnie que l’on sait, à quelques pas de Brive. Peut-être était-ce la famille, sinon même la personne, du domicilié de Limoges que le prélat honorait ainsi de sa confiance. En ce cas, la ville demeurant son séjour, elle avait pu aliéner les biens de la campagne. Et c’est ce qu’elle avait fait probablement, puisque le cartulaire de Glandier nous présente en 1283 comme acquis par Pierre de Beaumont, Clerc de Treignac, les biens de défunt Pierre de Murat. En les affranchissant ab omni servitute et exactione, le vicomte de Comborn Guy tenait à montrer qu’il était encore le seigneur.
De fait, après lui, en 1299, Bernard de Comborn, damoiseau et cadet de famille qui allait devenir Bernard III, vicomte de Comborn, se qualifiait seigneur de Murat, en même temps que de Rochefort (Sornac) et de Beaumont. Son successeur Archambaud VIII, dont les Anglais avaient pris le château principal (Comborn) en 1348, fit pour le racheter certaines ventes à trois seigneurs, parmi lesquels on nous nomme un Murat. Quel était ce dernier ? Je ne sais qu’une chose, qu’il faut dater de 1437 : c’est que Jacques de la Brosse, damoiseau du diocèse de Saintes et fils de Marie de Comborn-Puymaud, défunte fit alors à son oncle, Guischard de Comborn-Puymaud, chevalier, une vente considérable de biens dans les paroisses d’Affieux, La Celle, Saint Hilaire les Courbes, Chamberet et Treignac, auxquelles s ‘adjoignait le quart de la dîme totale de la paroisse de Murat.
A partir du XVIème siècle, les Boisse de la Farge (Chamberet) sont seigneurs de Murat. Leurs armes écartelées de celles de Saint Nectaire depuis le mariage, le 2 mars 1628, de Charles de Boisse avec Françoise fille du baron de Saint Victour, s’étalent en sculpture sur le portail de la modeste église (De gueules à trois fasces d’argent, chargées chacunes de trois mouchetures d’hermine : d’azur à cinq fusées d’argent). Paul, leur fils cadet, prend le nom de Murat, tandis que l’aîné a celui de Lafarge. On trouve de même au dernier siècle André-Charles de Boisse, troisième fils du seigneur de Lafarge qualifié de Boisse de Murat. Puis la Révolution emporte tout, seigneurie et domaine, ne laissant, sur une porte, qu’un écusson échappé par hasard.
Cette porte, que j’ai dite être celle de l’église, fut refaite en grande partie au XVIIème siècle, mais pas complètement : d’où le tore qu’on y voit dans le haut et qui, avec les bancs de pierre de l’intérieur sous les murs, fait remonter les conjectures jusqu’à l’époque romane. Elle est aussi latérale, le clocher pignon d’ouest ne dominant aucune ouverture. A ce clocher, trois baies et trois cloches, dont une ancienne aurait été, d’après ce qu’on m’a dit sur place, donnée par la maison de Pompadour, qui recueillit à Treignac la succession des Comborn, passée depuis aux Boisse. La petite est à peu près le don du curé, lequel à fait aussi présent du calice. Des deux chapelles flanquantes, celle du midi consacrée au patron de la paroisse, Saint Pierre-aux-liens, est la plus ancienne : une porte en accolade qui la perce fait présumer une chapelle de seigneur. Croix du cimetière cassée, accusant le XIVème siècle : un évêque sculpté au milieu de la tige ? un calvaire au-dessus.
Murat, comme cure, s’appartenait à lui-même et n’était qu’à la nomination de l’évêque. Il payait 37 livres et comptait 280 habitants vers 1777 : mais ses curés desservaient aussi Orluc, qui relève aujourd’hui de Pérols et dont l’église avait le même patron, Saint Pierre-ès-Liens. On connaît de ces titulaires :
Les villages de Murat sont : le Bec, sous une hauteur de près de 800 mètres d’altitude, ce qui est pour la paroisse et le pays un niveau très commun : le Bourg, gros village, qualifié simplement comme tel depuis au moins trois siècles : la Brousse, Chemin, Gourdon, Malaniou, le Moulin de Murat, Las Peyras, sous une cime de 880 mètres semée en effet de pierres erratiques : et enfin le Travers.