Réimpression de l'édition de Limoges, 1920-1926 - Laffite Reprints, Marseille, 1994
Date : 04/02/2023
Le Dorat est le chef-lieu d’un canton dans l’arrondissement de Bellac ; ce canton est formé de douze communes : Azat-le-Riz, La Bazeuge, la Croix, Darnac, Dinsac, le Dorat, Oradour-Saint-Genest, Saint-Ouen, Saint-Sornin-la-Marche, Tersannes, Thiat, et Verneuil-Moutiers. Sa superficie est de 28.800 hectares, avec 9.447 habitants.
La commune du Dorat a 2.367 hectares d’étendue, avec 2.743 habitants ; son altitude au-dessus du niveau de la mer est de 207 mètres à sa limite ouest, et de 282 à sa limite sud-est.
L’histoire du Dorat commence à l’avènement du premier roi chrétien. Après la bataille de Vouillé, l’an 507, Clovis parcourant la contrée, fonda au Dorat, nommé alors Scotorium, un oratoire en l’honneur de la Croix du Sauveur et du bienheureux Pierre « pour rendre grâces à Dieu de la victoire qu’il venait de remporter, donnant et cédant en toute seigneurie liberté et immunité, aux clercs qu’il institua alors et qui y célébreraient dans la suite le service divin,tous les biens, droits et choses existants et qui existeraient dans la suite ». Le document constatant cela n’est pas une charte de fondation, comme on l’a dit quelque fois, mais un titre ancien « sur vieux parchemin, écrit d’antique écriture, qui n’était ni altéré, ni raturé, ni suspect en aucune façon », comme le constate, en 1495, le garde du sceau authentique de la bailie de Limoges.
C’est à l’ombre de cet oratoire que s’est formée la ville du Dorat ; elle a vécu et grandi sous la tutelle de l’Eglise. Le régime féodal consacra la puissance temporelle du chapitre du Dorat, et le comte de la Marche lui-même se vit obligé de respecter sa puissance.
Nous parlerons d’abord de la paroisse et de l’église avant de nous occuper du chapitre et autres établissements du Dorat.
La paroisse était dans l’ancien archiprêtré de Rancon et avait pour fête patronale celle de Saint-Pierre-ès-Liens. Vers la fin du XVIIIe siècle ont y comptait 2.000 communiants (environ 2.700 habitants) On y trouve, en 1564, une communauté de prêtres faisant une partie du service paroissial. Les curés étaient nommés par l’aquilaire du chapitre, et c’est aussi le chapitre qui les présentait. Voici ceux dont le nom est connu :
Louis des Affis, 1609 ; Joseph Jevardat, chanoine théologal 1626-1663 ; Jean-Baptiste Jevardat, chanoine théologal 1674-1675 ; Pierre Rabilhac, chanoine théologal 1675-1680 ; Théobald de Nesmond 1682-1690 ; Jean alias Joseph Aubugeois 1691-1710 ; Pierre Vrignaud de Chanteloube 1710-1740 ; Joseph Vételay de Mongomard 1741-1775 ; Jacques de Vérines 1775. Revint après la Révolution, et mourut en 1812. Jean-Baptiste Chamblet, qui avait souffert la prison et la déportation sur les pontons de Rochefort, fut nommé en 1812, et mourut en 1832. Léonard Petit, curé (et supérieur du petit Séminaire) 1832-1845 ; Jean-Hyacinthe Fontreaux, nommé en 1845 ; Louis Dutromp en 1861 ; Pierre-Michel Blondet en 1866 ; Félix Moreaux, en 1871 ; François Brachet en 1900.
Un grand nombre de vicairies avaient été fondées dans l’église du Dorat ; on peut citer les suivantes :
Hugues le Brun, comte de la Marche et d’Angoulême en fonda une par son codicile du jeudi après l’Octave de Notre-Dame d’août 1302.
Jean Javerdat, prêtre, par acte du 29 juin 1505 en fonda une à l’autel de Saint-Jean l’évangéliste. En 1714 N…Marcoux, écuyer, sieur de la Prévotière, chevau-léger, fils d’un avocat et d’une Jevardat, y nommait un titulaire.
Galand de Saint-Savin, paroisse de Dinsac, seigneur de La Grange et du Puylaurent, en fonda une par acte du 9 août 1448. (Le seigneur de l’Age-Malcouronne fut débouté de son patronage qu’il prétendait avoir, et le seigneur de La Grange-Saint-Savin, paroisse de Dinsac, fut maintenu dans ce droit par arrêt du Parlement de Paris de 1741). Ce droit de patronage appartint ensuite à Jacques de Saint-Savin, écuyer, 1555-1563. Au procureur et avocat du roi en la sénéchaussée de la Basse-Marche, du Monteil, en 1585 . puis à sa veuve, nommée Brujas, en 1616 ; A Pierre du Monteil, écuyer, sieur de Lavaud, comme seigneur de l’Age-Malcouronne, en 1659, à N…Tourniol, capitaine dans Richelieu-cavalerie en 1693 et 1726, à Gabriel Tourniol, écuyer, en 1752.
Jean Neymond, marchand, en fonda une, le 20 janvier 1488, pour lui et pour sa mère Jeanne Gaudonnie. Ses descendants y nommaient le titulaire ; c’est le sieur de Villemarcheix en 1691, et N… de Parelles en 1756.
Pierre Fontreaux, sieur du Chier, conseiller en la sénéchaussée de la Basse-Marche, en fonda une par acte du 28 février 1662 ; le droit de nomination appartint au seigneur du lieu noble du Chier, paroisse de La Bazeuge.
L’ancienne collégiale du Dorat, aujourd’hui église paroissiale, classée au nombre des monuments historiques, a été construite d’un seul jet. C’est un des plus grands, des plus complets et des plus curieux édifices romans de la France. Commencé l’an 1013, son grand autel fut consacré le 11 octobre 1075. Son plan est une croix latine avec collatéraux étroits, s’élargissant autour du chœur. Trois chapelles circulaires rayonnent à l’abside arrondie comme elles, et deux petites absidioles la flanquent à gauche et à droite. Sa nef est composée de six travées ; la première, près de la porte est couverte par une coupole circulaire ; à l’intersection du transept on en voit une octogonale qui est éclairée à sa base d’un nombre égal de fenêtres. Sur la première s’élève un clocher carré, lourd et couvert d’une charpente ; sur celle du centre un autre clocher octogonal et léger, changeant de forme et d’ornementation à chaque étage. Sa flèche aussi octogonale est une restauration du XIIIe siècle ; elle porte à une hauteur de « cent quatre-vingt-dix pieds » un ange, pièce capitale d’orfèvrerie romance, qui a 1m30 de hauteur, tourne au vent, et présente ainsi à toutes les parties du monde, une croix haute de 1m95. Aux pieds de l’ange, sur le point où appuie cette croix, j’ai lu, lorsqu’on l’a descendu le 4 août 1863 pour réparer l’extrémité de la flèche en pierre, la date de 1774, se rapportant à la croix, qui est d’un travail bien postérieur à la statue de l’ange.
Sous le sanctuaire règne une crypte admirablement conservée avec son autel primitif ; elle reproduit exactement les dispositions du chœur et de ses trois chapelles rayonnantes.
Une sacristie a été récemment construite à l’extrémité du transept méridional ; on lit au-dessus de sa porte ; « sacrarium anno 1842 oedificatum est ac duce D.Léonardo Petit, Doratensis rectore ».
Les châsses qui contiennent les reliques de Saint Israël et de Saint-Théobald sont sur des autels adossés aux deux piliers formant l’entrée du chœur.
Cette église possède aussi une belle croix en filigrane à double traverse, qui est un travail du XIIIe siècle. Elle est décorée de pierreries, de cabochons et d’intailles ; elle a 0.31c de hauteur.
On remarque encore dans l’église une ancienne cuve baptismale semi-circulaire, de 1m 65 c. de diamètre, sur les côtés de laquelle sont représentés des lions de grande dimension.
Voici les inscriptions des cloches de l’église du Dorat.
« ✠ 1600.IHS.MRIA.-Faite par Messieurs les chanoines, consuls et habitants. Parrain Antoine de Force. Marrine Renée Rampion. ». Au-dessous est un écusson de gueules à deux clefs d’argent posées en sautoir, cantonnées de quatre fleurs de lis d’or. Ce sont les armes de l’abbaye royale de Saint-Pierre du Dorat.
« ✠ IHS.MRA.-Scta Magdalena, ora pro nobli. – seurs L.C Savatte prieure, J.D de La Chaulme, curé 1622. P[arrain] René Costin.Damoiselle Renée Brujas . M[arraine] .C.Chesne, F.de Raimond. ».
Cette cloche était celle de l’église de Voulons.
« ✠ Ave Maria.Sancti Israel et Théobalde, orate pro nobis — Je m’appelle Marie-Madeleine. J’ai été bénite au mois d’avril 1827, par M. Chamblet, curé du Dorat. Parrain et marraine, M. Claude Pascal de Gobertière-Lamothe, maire du Dorat et dame Marie-Madeleine de Voyon, née Etourneau. Fabriciens M. de Voyon, chevalier de Saint-Louis ; Ducoux, notaire ; Vacherie, juge de paix ; Desmoulin père ; Boucheuil ; Dr de La Porte ; de Taillac, chevalier de la Légion d’honneur. – Peigney, frère, fondeur, natif d’Amblaix, département des Vosges. »
Une autre cloche avait l’inscription suivante :
« ✠ Beatae Virgini Mariae sine peccati labe conceptae. – Sancti Petre, Israel et Theobalde, orate pro nobis . – Anno Domini 1837. – De Charme F[ondeur]. »
Elle a été refondue en 1861 et porte maintenant cette inscription :
« ✠ Beatae Virgini Mariae sine labe canceptae.-Sancti Petri, Israel et Theobalde, orate pro nobis – Anno Domini 1861. – M.Bouquet, maire du Dorat, M. Jean-Hyacinthe Fontréaux, curé M.Alphonse Ducoux, président de la fabrique. – Barbier frères, fondeurs. » Cette cloche pèse 1,122 kilogr.
La famille Barton de Montbas avait ses tombeaux dans l’église collégiale du Dorat, en la chapelle de Saint Jean. On y voyait le tombeau en marbre de Pierre Barton de Montbas, premier capitaine au régiment du cardinal Richelieu, tué au siège de Saint-Omer en 1638, sur lequel était cette inscription : « Cy gissent les corps de messire Pierre Barton vicomte de Montbas et de dame Jacquette Bonnin, sa femme, avec celui de Jean-François Barton, leur dernier fils, mais le plus zélé de tous à les aimer, en sorte qu’il est impossible de concevoir la force de l’amitié qu’il avait pour eux, parce qu’il n’est plus en usage aux enfants d’aimer leurs père et mère comme celui-ci a aimé les siens, qui possédaient toutes les vertus et n’avaient aucun vice. Leur exemple a servi de bonne éducation à leurs familles dont ce dernier a eu plus de reconnaissance que les autres. C’est mesme lui qui a fait transporter dans son chariot d’armée, et à ses dépens, les corps de son père décédé en la ville de Rouen comme fit Joseph qui voulut porter les ossements du sien dans son tombeau. C’est aussi lui qui a fait mettre le corps de sa mère dans ce même sépulcre, et qui a ordonné que le sien y soit mis après son décès, ayant passé contrat avec messieurs du chapitre du Dorat, qu’au moyen d’une somme d’argent qu’il leur a payée qu’on n’ouvrira plus ce tombeau de marbre, qu’il a fait faire à ses dépens, comme aussi le tableau qui les représente tous trois au naturel. O vous nos descendants si l’honneur vous est aussi cher qu’à nous, honorez assez notre mémoire pour empescher suivant nos volontés que ce tombeau ne soit jamais ouvert, et priez Dieu pour nous. »
François Barton de Montbas, fils des précédents, était gouverneur de Melun, où son cœur repose, pendant que son corps fut transporté dans la collégiale du Dorat, et enseveli dans la chapelle de Saint-Jean où fut mise cette inscription sur une table de marbre : « Ici repose le corps de défunt haut et puissant seigneur messire François Barton, chevalier seigneur vicomte de Montbas, conseiller du roi en ses conseils, grand maistre des eaux et forêts de Normandie, gouverneur des villes et chasteaux de Melun, Corbeil, et de toute la Brie, mestre de camp du régiment de cavalerie du roi, et lieutenant général de ses armées, lequel décéda à Melun, plein d’honneur, de mérité, et de vertu, le 10 janvier 1653, âgé de 39 ans, après avoir rendu plusieurs témoignages de sa piété envers Dieu, de son zèle et de son courage au service du roi, et de sa charité envers le prochain, qui a laissé à son trépas dame Denise de Maillé son épouse très affligée, qui lui a dressé ce tombeau, soubs lequel elle veut être enterrée après son décès, afin que lui et elle, ayant esté parfaitement unis pendant leur vie, ils ne soient pas séparés après leur mort, et afin qu’ils soient éternellement unis dans le ciel. Passants prier Dieu pour eux.
On lisait aussi sur une plaque de cuivre, placée dans la même chapelle, du côté de l’épître : « Epitaphe que feu M. le vicomte de Montbas a faicte pour luy. – Ami, passant ou curieux, l’espoir qu’on te rende possible dès demain le semblable, t’induise à prier Dieu qu’il me pardonne. Mon nom fust François Barton, mary de Denise de Maillé. Ma vie finist plutôt que les désirs de servir le monde et travailler pour sa fumée, je n’ai que trop vescu sans l’envie de mourir au Seigneur, meurs en vivant si tu veux vivre après ta mort, prie et profite du temps pour l’assurer de l’éternité et me procurer le repos. A Dieu.
« Il était lieutenant général des armées du roi, maistre de camp du régiment royal, gouverneur de Melun, de Lagny, de Corbeil et de toute la Brie. Est décédé à Melun le 10 janvier de l’an 1633, dans la quarantième année, en odeur de très grandes vertus. ».
La ville Du Dorat, qui avait grandi autour de l’Oratoire fondé en 507, et desservi par des clercs, eut plus d’une fois à souffrir du malheur des temps. Vers l’an 761, le roi Pépin s’en empara, et y prit sur les Aquitains une bannière d’or qu’il donna à l’église de Saint-Etienne de Limoges. Dans la première moitié du IXe siècle, les prêtres qui desservaient cette église furent placés sous la règle de Saint-Benoît, ainsi que l’ordonnait Louis le Débonnaire pour tous ceux de son royaume.
En 866 la ville, l’église, le monastère furent saccagés et brûlés par les Normands. Ce ne fut qu’en 944 que Boson, premier comte de la Marche répara les ruines et reconstruisit le monastère.
Après cette restauration on y vit accourir des clercs réguliers, qui remplacèrent les anciens moines de Saint Benoît. Ils furent ensuite gouvernés par des abbés dont voici les noms : Foucaud en 987. – Pierre Drut, 996. – Geoffroy 1066. – Guillaume de Déols, 1092. – Ramnulphe de Nieul ou de Brigueil 1107. – Archambault de Chambon 1130. – Helie 1134. – Antoine de Rancon 1180.-Anselme 1185. – Guillaume 1186.-Guy de Blom 1205. – Arnaud Demonteil Despieds 1211. – Isembert. – Pierre de Cubol 1220. – Pierre 1227. – Aubert 1227.-Audouin de Pierrebuffière, 1287-1289.-Gérald de Maumont 1294. – Jourdain Melle ou Merle, 1305-1309. – Nicolas Felletin 1330. – Hugues de Masmoret 1332. – Etienne Dupin 1338. – Audouin de Pierrebuffière, 1360. – Pierre de Pierrebuffière 1361. – Adam de Bonac 1380. – Imbert de La Feuille 1386. – Barthélemy d’Arsac, 1399. – Guillaume d’Arsac 1401. – Bernard de Cheyro. – Noderus 1407. – Guillaume de l’Hermite 1420-1430. – Jean de l’Hermite 1444. – Jean Barton de Montbas 1446-1457. – Pierre Barton de Montbas 1457. – Philippe Barton de Montbas, 1459-1466. – Guillaume Barton de Montbas, 1477-1500. – Pierre Barton de Montbas, 1506-1514. – Jean Barton de Montbas, 1514-1544. – Guillaume Barton de Montbas, 1544-1572. – Mathieu Lavau de Drouille, 1572-1588. – Gabriel de Marrand 1596. – Pierre de Marrand 1658. – Jean Barny 1682. – François Lesterpt 1700. – Joseph Lesterpt de La Doulce, 1728-1774. – Pierre Lesterps de La Doulce, 1774, mort en 1802.
Saint-Israël est né au Dorat vers l’an 950. Ses parents l’offrirent à Dieu dans le monastère de cette ville. Il en devint chanoine, prévôt et enfin grand chantre. L’école qu’il dirigea devint aussi fort célèbre, et l’évêque de Limoges qui l’appela pour le mettre à la tête de l’école épiscopale, le fit aussi son vicaire général. Il fut choisi par le pape Sylvestre II pour prévôt de l’église de Saint-Junien, et réussit à la relever de l’état de ruine où elle était tombée. Il revint enfin au Dorat, y passa des dernières années de sa vie, occupé surtout de l’éducation et de l’instruction de la jeunesse. Il y est mort le 31 décembre 1014.
L’abbaye du Dorat était alors très bien fournie de chanoines savants et pieux ; elle servait d’école et d’académie pour élever les gens de condition, non seulement aux bonnes lettres, mais encore à la profession de toutes les vertus. On voit par les anciens registres de Saint Martial que Saint Israël était poète et même musicien. Il chantait, non les exploits fabuleux des héros comme les autres troubadours, mais les destinées immortelles de l’humanité, sa chute, sa rédemption et son éternel avenir. Ses œuvres poétiques étaient encore connues au XVIIe siècle, sous le nom de Cantiques de Saint-Israël. On y remarque surtout La vie de Jésus-Christ et aussi le Mystère des Vierges sages et des Vierges folles. Ce dernier, en latin, est alterné de Limousin tel qu’on le parlait alors dans le pays, et chaque strophe se termine par un refrain en cette dernière langue avec une mélodie distincte.
Parmi les élèves de Saint Israël on remarque surtout Saint Gaultier, né en 990, qui fut abbé de Lesterpt et mourut le 11 mars 1070, et ensuite Saint Théobald. Ce dernier est né au Chaix près le Dorat, dans la paroisse de La Bazeuge. Ses parents le mirent à l’école des chanoines réguliers du Dorat, où Saint Israël tenait alors la place la plus éminente. Plus tard Saint Théobald fut aussi chanoine et trésorier de cette église.
Après une vie toute employée au service de Dieu et du prochain il mourut le 6 novembre 1070.
Après leur mort de nombreux miracles furent opérés sur le tombeau de Saint-Israël et de Saint Théobald, où les fidèles avaient construit un oratoire. Mais le 27 janvier 1130, leurs corps furent levés de terre, et solennellement transportés, par Eustorge, évêque de Limoges, dans la basilique de Saint-Pierre où on les honore encore aujourd’hui. A la fête de l’Ostension des saintes reliques que l’on célèbre tous les sept ans, un concours considérable de peuple a lieu au Dorat ; on y a compté jusqu’à quarante-quatre paroisses des environs, qui y viennent en procession pour escorter les châsses des saints.
Au XIIe siècle de nombreux habitants, venus de différents lieux, s’établirent autour du tombeau des saints, où l’on vivait heureux sous la tutelle de l’Eglise, et la ville du Dorat prit une étendue qu’elle n’avait pas jusqu’alors. Au-dessus de la ville, sur le monticule la dominant, se trouvait le château des comtes de la Marche. Aldebert III (1115-1150), le reconstruisit et en fit une place très forte. Une chapelle, en l’honneur de Saint Georges y fut bâtie. Le comte Aldebert IV, avec Mirabilis sa femme, et leur fils Marquis avec sa femme Géniosa, voulant y faire célébrer le service divin, la donnèrent au chapitre du Dorat, qui y établissait un chapelain en 1174. Ce fut là le séjour habituel des comtes de la Marche, et en temps de guerre la demeure ordinaire des gouverneurs.
Ce château résista aux Anglais qui en firent le siège sous le règne de Charles V en 1369, sans pouvoir s’en rendre maîtres.
Du temps des guerres de la Ligue, les ligueurs s’en emparèrent, mais il furent bientôt obligés de capituler. C’est après ces évènements que le château fut ruiné. Le monticule formé par ses restes a été transformé, au siècle dernier en un joli jardin anglais, d’où la vue s’étend sur la campagne et sur la ville. C’est à côté de ce monticule qu’a été établi en 1864, l’école de dressage pour les chevaux que dirige la Société des Courses du Dorat.
On connaît une curieuse transaction passée en 1331, entre Louis de Bourbon, comte apanagiste de la Marche et le chapitre et les habitants du Dorat. On y lit : « Les abbé et chapitre seront tenus à chaque jour de dimanche, à l’issue de la grand’messe célébrée en ladite église, de faire les prières ordinaires pour les seigneurs comte et comtesse de la Marche ; de plus ils seront encore tenus de célébrer une messe chantée à notes dans la chapelle du château du Dorat, le jour de Saint Georges, patron d’icelle chapelle… Les habitants de la ville seront tenus de venir, le mardi gras, devant le château, et chanter une chanson, comme il est d’usage, en l’honneur et par forme d’hommage fait au seigneur comte de la Marche. ».
En 1369, pendant la guerre des Anglais, le prince de Galles, vint assiéger le château du Dorat qu’il ne put prendre, mais il fit beaucoup de mal à la ville qu’il détruisit en partie. C’est après ce désastre, que Guillaume de l’Hermite, élu abbé du Dorat en 1420, s’employa activement à clore la ville en l’entourant de murs et de tours qui renfermaient la collégiale et l’église de Saint Michel. Pierre Robert, décrivant ces nouvelles fortifications, à dit : « Cette ville, capitale de la Basse-Marche contient environ dix huit cents pas de circuit en son enceinte par le dehors, environnée forts bonne murailles, garnie de vingt grosses tours, y compris les portaux des quatre portes de la ville, et six petites tours, sans y comprendre l’église de Saint Michel…. ».
Des lettres patentes du roi, de l’an 1438, furent adressées au sénéchal du Limousin, pour contraindre les habitants du Dorat à la réparation des fossés et pavés, à la requête du chapitre comme seigneur de la ville ». Ces fortifications, dont on voit encore aujourd’hui quelques parties, entre autres la porte Bergère et les terrasses qui lui font suite, ne préservèrent pas toujours les habitants du Dorat des attaques dirigées contre eux.
« La ville du Dorat fut assiégée et prise par escalade au mois de novembre 1567, par un camp volant de 2.000 calvinistes commandé par le seigneur de St-Cir, capitaine dans l’armée des rebelles, ayant pour chef le prince de Condé et l’amiral de Coligny. Ce capitaine de St-Cir avait levé ces deux mille hommes dans le Limousin et autres provinces voisines et les conduisait à l’armée des princes, aux environs de Paris. Etant donc entrés dans la ville du Dorat, ils y commirent de grandes hostilités, mirent à rançon tous les habitants, pillèrent, brûlèrent et emportèrent plusieurs titres et papiers et principalement tous les vases sacrés et précieux ornements de l’église de ce chapitre, également les belles tapisseries suspendues dans la nef de cette église, représentant la vie et les actions de Clovis.
La ville du Dorat resta au pillage et à la discrétion de ces malheureux pendant quatre jours, ainsi que le tout est justifié et rapporté en un procès-verbal et enquête faite en conséquence le 13 mai 1569. » (Mémoire historique pour les annales de la province de la Marche).
La ville du Dorat reçut plusieurs fois la visite des rois de France. Charles VII, accompagné du Dauphin y vint en 1438, il y passa une seconde fois en 1440, allant alors à Guéret. Louis XI y vint aussi en juillet 1463.
Les rois, depuis Philippe III, favorisèrent toujours de leurs édits la puissance temporelle du chapitre du Dorat. En 1465 le roi confirme les privilèges qu’il tenait de Charles V depuis 1370. Un arrêt du Parlement de 1490 statue de nouveau que les chanoines sont seigneurs temporels et châtelains de la ville du Dorat. Une atteinte fut portée à leurs droits de seigneur haut justicier de la ville du Dorat, en 1559, à l’occasion de la réforme de la Coutume du Poitou. Ils furent convoqués à l’assemblée tenue pour cela à Poitiers, comme ressortissants de la sénéchaussée du Poitou, pendant qu’ils ressortissaient de la Cour du Parlement de Paris. Ils réussirent cependant à faire reconnaître leur droit.
Outre la justice de la Châtellenie du Dorat, il y avait aussi la justice royale dans la Basse-Marche, dont les assises se tenaient alternativement dans chacune des quatre anciennes baronnies de la Marche : Le Dorat, Charroux, Calais et Saint-Germain. Un édit de Charles IX, du 1er janvier 1561, ordonna que la sénéchaussée de la Basse-Marche serait établie sédentaire en la ville du Dorat « comme ville principale et capitale du pays. »
En 1589 Georges de Villequier, vicomte de la Guierche, qui était du parti de la ligue s’était emparé du château du Dorat d’où il espérait se rendre maître de la ville. Mais il y fut assiégé, et bientôt obligé de se rendre, ainsi qu’il est dit plus haut. Les habitants du Dorat profitèrent de cette circonstance pour demander la démolition de cette forteresse qui depuis 1173 dominant leur ville. Cette démolition fut commencée peu après et en 1618 les matériaux en provenant servirent à construire le couvent des Récollets.
La peste qui ravagea tout le pays en 1630 et 1631 se fit cruellement sentir au Dorat, les contemporains évaluent à 1.200 le nombre des victimes que le fléau fit dans la ville.
En 1657 les habitants du Dorat fondèrent un hôpital pour recueillir les malades et les malheureux. Dès les temps les plus reculés, il existait une maladrerie près des murs de la ville ; plus tard le chapitre construisit près de l’église un hôpital qui prit le nom de Maison-Dieu, mais ce nouveau refuge était devenu insuffisant. C’est alors que les abbé et chanoines du Dorat, avec les principaux personnages de la ville en fondèrent un autre, ces derniers furent nommés administrateurs du nouvel établissement, et l’inauguration eut lieu le 2 mars 1658.
François de la Josnière, avocat à la sénéchaussée, légua par testament du 6 juillet 1742, sa maison du château, pour y transporter l’hôpital fondé en 1658. Il fut inhumé dans la chapelle de ce nouvel établissement. Des femmes charitables, qui prirent le nom de Sœurs hospitalières, furent d’abord chargées du gouvernement de cette maison, mais le 6 février 1775, on y installa des Filles de la Sagesse, venues de Saint-Laurent-sur-Serres, leur maison-mère : jusqu’à ce jour, elles n’ont cessé d’être la providence des pauvres et des malades.
En 1659, Mgr François de la Fayette accorda au Dorat la permission « de faire l’Ostension des saintes reliques de sept ans en sept ans, comme c’est la pratique des autres églises du diocèse, où reposent les ossements des Saints. » Les corps de Saint-Israël et de Saint-Théobald avaient été transférés, dès l’année 1130 du cimetière commun dans la crypte de l’église collégiale, mais en 1659 ils furent placés dans deux châsses, de chaque côté du maître-autel. Depuis cette époque, la procession si populaire des reliques de Saints, à laquelle prennent part toutes les paroisses des environs, a eu lieu exactement tous les sept ans. Le 11 juin 1911, environ 40.000 personnes sont venues au Dorat pour la procession de clôture des Ostentions.
En 1789, le 16 mars, les trois ordres réunis au Dorat, capitale de la Basse-Marche, nommèrent leurs députés aux Etats-généraux. Le Clergé élut M.Leborlhe de Grandpré, curé d’Oradour-Fanais ; la Noblesse, le comte de Laypaud, grand sénéchal d’épée de la province ; et le Tiers Etat M. Benoit Lesterpt de Beauvais, avocat au Dorat. Ce dernier périt sur l’échafaud révolutionnaire avec les autres députés girondins le 30 octobre 1793.
Dès le commencement de la Révolution, les chanoines du Dorat furent dispersés après avoir vu leurs précieuses archives anéanties par les flammes. La sénéchaussée disparut et la loi du 24 août 1790 établit un juge de paix par canton, et un tribunal de première instance par district. Le district du Dorat comprenait tout le nord du département, et était séparé de celui de Bellac par le cours de la Gartempe. La loi du 27 ventôse an VIII (18 mars 1800) changea cet état de choses, et le tribunal de district ou d’arrondissement fut porté à Bellac.
Le clergé du Dorat éprouva les rigueurs de la persécution ; les lois révolutionnaires condamnèrent à la prison ou à la déportation tous les prêtres fidèles. Parmi ceux qu’on envoya à Rochefort pour la déportation maritime on remarque Philippe Cornette, chantre et chanoine du Dorat, qui succomba sur les pontons le 24 avril 1794, Claude-Barnabé Laurent de Maclou, chanoine, mort sur le même ponton le 7 septembre 1794 ; Hubert-Jean Laurent de la Locherie, y succomba le 13 septembre 1794 ; Joseph-Zéphirin Laurent de la Gasne, chanoine, et Jean-Baptiste Chamblet, chanoine théologal, survécurent aux tourments qu’on y éprouvait. Deux subirent la déportation en Espagne, ce sont François-Charles Chamblet, né au Dorat curé de Saint-Estèphe, et Jean-François Rispail, attaché au chapitre du Dorat. Le curé du Dorat, Jacques de Vérines, celui de Dinsac. Pierre Genesteix et le chanoine Jean-Baptiste furent aussi déportée. Claude-Théobald Lajosonière, diacre, Mondot, était en prison à Limoges le 16 mai 1793.
Le Dorat, pendant les siècles dont on vient de parcourir l’histoire a été patrie d’un bon nombre d’écrivains. On peut citer :
Saint-Israël mort en 1014, qui a écrit en vers et en langue romane la Vie de N.S. Jésus-Christ.
Le chanoine Amaury, au XIIe siècle, auteur de la Vie de Saint-Israël.
Pierre André, célèbre médecin, qui fit imprimer à Poitiers en 1563 un Traité de la Peste. Louis Le Beau qui devint sénéchal de Montmorillon, où il fut tué en 1590.
Jean Bocal, médecin qui, vers 1580, publia plusieurs ouvrages de médecine.
Jean Maillard, médecin et poète latin et français, 1587.
Guillaume Anceaume, médecin et poète, a publié à Paris, en 1607, un recueil d’épigrammes en grec, latin et français,
Pierre Rampion, chanoine du Dorat.
Jean Prévôt, avocat et poète, auteur de plusieurs tragédies imprimées à Poitiers en 1614.
Simon Faulconnier, médecin et poète, mort en 1621,
Pierre Robert, lieutenant général, un des érudits les plus distingués, mort en 1658, a laissé près de quatre vingt ouvrages manuscrits.
Jean Boucheuil, savant jurisconsulte, mort en 1706, à publié la Coutume du Poitou.
Il reste encore à signaler plusieurs établissements religieux de la ville du Dorat, qui après la Révolution ont remplacé ceux dont il est parlé ci-dessus :
L’église de Saint-Michel du Dorat existait en 1130. Pierre Robert l’historiographe de la contrée, place sa fondation à l’an 1019. On pense qu’elle fut fondée ou rebâtie, après les terreurs de l’an mil, alors que dans tout le monde chrétien un invincible sentiment de reconnaissance et de foi couvrait le sol d’édifices religieux. La tradition a conservé à cette église de l’archange Saint-Michel le titre d’église paroissiale, quoiqu’on n’en trouve la preuve nulle part. Elle était placée sur les murs de la ville, à laquelle elle servait aussi d’ouvrage de défense.
Tant que cette petite église resta dans son rôle de maison de prière et d’aumône, l’histoire ne s’occupa pas d’elle. Mais les jours malheureux vinrent ; au mois de juin 1572, plusieurs décrets royaux avaient statué que le Dorat serait le siège principal de la sénéchaussée de la Basse-Marche ; il fallait un prétoire au nouveau sénéchal, et malgré les réclamations des chanoines du Dorat, une partie de cette église leur fut prise. Maître Amadon, conseiller du roi Charles IX en son grand conseil, fit exécuter cette mesure. « Il se trouva, dit-il, que la chapelle appelée de Saint-Michel, en laquelle ne se fait aucun divin office qu’une fois l’an, le jour de la Saint-Michel, était assez grande et spacieuse pour y mettre ledit auditoire, sans empêcher le dit service divin accoutumé y être fait … Ladite église et chapelle Saint-Michel étant sur les murs de ladite ville, lui sert de clôture et de muraille d’un côté et de tour de défense à icelle ; aussi que l’on monte par là sur les murailles et autour de ladite ville. Et en icelle église lesdits du chapitre font aumône publique au temps du carême, et autres aumônes publiques de ladite ville y sont faites. » Dès ce moment cette église fut diminuée de moitié, ce qui dura jusqu’à la Révolution ; malgré les tentatives que firent les récollets en 1624 pour l’occuper entièrement avec l’assentiment du chapitre du Dorat.
Pendant la Révolution cette église fut vendue et démolie par le nouveau propriétaire. Il en reste encore la façade orientale placée sur un rocher qui domine les jardins voisins. Son emplacement et une maison construite à côté ont été acquis pour la communauté des Carmélites de Limoges, et en 1856 un essaim de filles de Sainte-Thérèse en a pris possession. Pour conserver au mur qui reste de cette église sa pieuse destination, on y a adossé un oratoire où la statue de l’archange Saint-Michel est placée au lieu même où fut l’autel de ce sanctuaire.
Une grande pierre formant le dessus du portail de cette église a été conservée, elle est placée aujourd’hui à l’extérieur dans le mur de clôture du couvent des carmélites. On y voit, outre l’alpha et l’oméga, une croix sur laquelle sont gravés les quatre mots : Rex, Lux, Lex, Pax, en convergeant tous vers le centre, de telle sorte que l’X inscrit au milieu les termine tous. Autour de ce premier motif se déroule l’inscription suivante ; Domum islam tu protege Domine et angeli lui custodiant muros ejus, et omnes habitantes in ea. Amen. Alleluia.
Les Carmélites du Dorat ont pris possession de leur monastère le 8 juillet 1856. Elles arrivèrent au nombre de neuf, cinq professes, deux postulantes, deux tourières et furent logées dans une belle maison agréablement placée sur les anciens remparts de la ville, entourée de jardin, et des restes de l’église de Saint-Michel. L’acquisition en avait été faite de M. Brac, par M. l’abbé Gay, alors vicaire général de l’évêque de Poitiers. Les divisions intérieures de cette maison avaient été transformées et adaptées aux besoins d’une communauté, mais elles ne fournissaient pas de pièce convenable pour en faire la chapelle. Aussi ne tarda-t-on pas à en construire une ; elle fut terminée en 1864. Une pierre sur laquelle est gravée l’inscription suivante, conserve ce souvenir : « Jésus, Marie, Joseph.- Le 4 avril 1864. »
Le 1er octobre 1624, Jeanne Guichard de Bourbon, abbesse de la Sainte-Trinité de Poitiers, avait envoyé des religieuses de son ordre au Dorat pour y fonder un monastère, et désigné pour abbesse perpétuelle Catherine de Biron de Salagnac.
Cette fondation eut lieu conformément à la « permission de Mgr l’évêque de Poitiers, donnée par M. Filleau, vicaire général dudit seigneur évêque, le 25 septembre 1624, et le consentement des habitants de la ville du Dorat, par acte du 3 mai de la même année, licence et permission du Seigneur évêque de Limoges, du 27 juin au dit an, signé Raymond, évêque de Limoges et Palais secrétaire. » Mgr d’Urfé, évêque de Limoges, approuve leurs constitutions le 31 juillet 1679.
Ce monastère de religieuses bénédictines est appelé la Trinité. Ses supérieures ou abbesses furent ensuite élues tous les trois ans, voici celles dont le nom nous est connu :
Catherine de Biron de Salagnac, abbesse perpétuelle de 1624 à 1652. – Jeanne de Barbezière de Chemerant, abbesse triennale en 1652. – Françoise d’Asnière de La Chapelle, élue pour trois ans en 1663 et 1666. – Madeleine de La Hitte de Gasparde, élue en 1669, mourut peu après son élection. – Françoise d’Asnière de la Chapelle, élue en 1670, 1673 et 1685. – Marie-Louise de Montbas 1678. – Marie de Jovion de Drouilles 1692. – F. Lesterpt, 1705. – Mathurine Sornin, 1705, qui rebâtit l’église. – Marie de Verdillac, 1719. – Marie de Crouzeil, 1724. – Suzanne d’Aulberoche, 1728. – Marie de Saint-Georges, 1750. – Sœur de Sainte-Anne, 1770. – Marie Dupin de Saint-Quentin, 1778-1788. – Rose Bétolaud 1789-1790.
En 1666 fut inhumé dans l’église de ce monastère, Honoré de la Chassaigne, sur le tombeau duquel on lisait cette inscription : « Ici repose le corps de feu messire Honoré de la Chassaigne, seigneur de Montjouant, la Chassaigne et autres places, décédé dans cette ville du Dorat le 30 avril 1666 âgé de 38 ans, après avoir donné des témoignages d’une singulière piété envers Dieu, et d’une patience exemplaire dans sa longue maladie, et d’une charité parfaite envers le prochain. Il laisse dame Louise Pouthe, du château de Dompierre, son épouse, qui l’a fait inhumer dans l’église de ce monastère de la Trinité de la même ville, où il avait eslu sa sépulture et fondé un service à perpétuité. Elle a fait poser ce tombeau. Passant, prie Dieu pour le repos de son âme. »
Jean du Chalard, conseiller du roi, lieutenant particulier au Dorat, mort le 18 février 1754, fut aussi enterré dans l’église de la Trinité.
En 1790 les religieuses bénédictines de la Trinité du Dorat furent chassées de leur couvent, et tout ce qu’elles possédaient fut vendu nationalement. On trouve, aux archives départementales de la Haute-Vienne (Q.255), le procès-verbal de la vente de leurs meubles, le 24 septembre 1792.
Lorsqu’on leur signifia le 29 novembre 1790, la loi révolutionnaire elles répondirent toutes qu’elles demandaient à rester dans leur monastère et à suivre leur règle ordinaire.
La communauté était alors composée de 22 religieuses, dont trois converses. Ce sont : Rose Bétolaud, sœur Félicité, supérieure, âgée de 40 ans. – Dumoulin, sœur Saint-Pierre, 83 ans. – Marthe Dupin de Saint-Quentin, 68 ans. – Marie de Loménie, 74 ans. – Marie Martin, sœur Saint-Martin, 46 ans. – Madeleine Butaud de Saint-Martial, 47 ans. – Marguerite Vacherie, 36 ans. – Marie Texier, sœur Saint-Bernard, 35 ans. – Marie Genesteix, sœur Céleste, 34 ans. – Marguerite Juchard, sœur Saint-Augustin, 35 ans. – Marguerite Texier, sœur Saint-Louis, 34 ans. – Renée Gracieux, sœur Saint-Hilaire, 32 ans. – Marguerite de Lavalette, sœur des Anges, 30 ans. – Marie Betolaud, sœur du Saint-Esprit, 33 ans. – Marguerite Lacoste, sœur Angélique, 26 ans. – Marthe Genty, sœur Saint-Maure, 26 ans. – Elisabeth de Verdillac ? sœur Saint-Ambroise, 36 ans. – Catherine Boutinon, sœur Saint-Jean, 22 ans. – Marie Bellot, sœur Saint-Benoît, 21 ans. – Les converses : Marie Granjaud, 47 ans. – Anne Rivaille, sœur Sainte-Marthe, 34 ans. – Anne Dumonteil, sœur Sainte-Agathe.
Le petit Séminaire du Dorat, placé sur les anciens remparts de la ville, domine le paysage le plus gracieux qui s’étend au loin du côté du couchant. C’est l’ancien couvent des religieuses bénédictines de la Trinité, devenu une nouvelle maison d’éducation, qui, pendant un siècle a été la gloire et la fortune du Dorat.
Après la Révolution, dès 1802, l’abbé Martial Coudamy, qui fut vicaire au Dorat, s’occupait d’instruire des enfants.
Vingt-quatre honorables habitants de cette ville se réunirent pour travailler à réparer les ruines morales et matérielles de la tourmente révolutionnaire. M. Texier-Olivier, préfet de la Haute-Vienne, par acte du 11 septembre 1806, leur vendit, pour la somme de neuf mille francs, l’ancien couvent de la Trinité, pour lequel aucun acquéreur ne s’était présenté, depuis que les religieuses en avaient été dépouillées. L’abbé Coudamy fut placé à la tête de cette maison, dès lors nommée le collège du Dorat.
Douze ans après, par acte du 11 août 1819, les propriétaires de cet établissement le vendirent à Mgr Du Bourg, évêque de Limoges, pour la somme de 9.500 francs ; et dès lors il prit le nom de Petit-Séminaire, M. Léonard Petit, curé de la paroisse du Dorat en fut nommé supérieur ; il fit élever deux vastes corps de bâtiments, l’un au midi l’autre au nord, qui ont plus que doublé l’étendue de l’ancien couvent. Par ordonnance du 16 novembre 1828, Sa Majesté confirma l’école secondaire ecclésiastique du Dorat et agréa la nomination de M. Petit comme supérieur. Dès lors, comme dès le commencement, les élèves n’ont cessé d’y affluer, et on en cite un grand nombre qui depuis se sont illustrés dans l’église, dans l’armée, dans la magistrature comme dans les sciences et dans les arts.
Un site exceptionnel, de belles terrasses dominant la voie ferrée, une salle monumentale de récréation, un riche musée, une chapelle style byzantin splendidement décorée, faisaient de cet établissement un séjour plein de charme pour la jeunesse et merveilleusement approprié aux besoins de son éducation.
En 1906 la nouvelle république a dépouillé l’évêque de Limoges de ce Petit Séminaire qu’il possédait légalement, et en a expulsé les professeurs et les élèves.
Les supérieurs de cette maison, ont été MM. Martial Coudamy 1802-1819. – Léonard Petit 1819-1844. – Jean-Baptiste Chavastelon 1844-1847. – Jacques – Rémy Texier 1847-1858. – Antoine Boissy, 1858-1881. – Simon Delort 1881-1882. – Henri Moynat 1882-1900. – Joseph Cibot, 1900-1906.
L’Hermitage de Notre-Dame de Recouvrance était situé en dehors de la ville du Dorat, c’est en ce lieu que s’établirent les Frères-Mineurs Récollets à la suite d’un don qui leur fut fait le 2 mai 1617, par Simon Chesne, lieutenant particulier, au siège du Dorat. Le dimanche 16 juillet 1617, accompagnés du P. Rudele, gardien des Récollets de Limoges, ils y plantèrent la Croix et y posèrent la première pierre de leur couvent, le jeudi 31 mai 1618. Pour le construire, le roi Louis XIII, et la reine, Marie de Médicis, veuve d’Henri IV, comtesse de la Marche, sa mère, leur donnèrent les pierres, bois et autres matériaux du château du Dorat qui était alors en ruines.
L’église de ce couvent fut consacrée, le 24 août 1651, par le R.P. Jean de Mallevaud, évêque in parlibus d’Aulonne ci-devant religieux récollet. Pour la faire construire, Simon Chesne leur avait donné une somme de 6.000 livres, à condition qu’il serait déclaré fondateur, et y aurait droit de sépulture pour lui et ses descendants. Le retable du maître-autel fut fait en 1647, et coûta 400 livres, données par François Estourneau, chevalier, seigneur du Riz, la Mothe-Tersannes, et la Peyrière et sa femme Anne Rabenne ; c’est pourquoi il leur fut permis d’y faire apposer leurs armes qu’on y voyait en relief au-dessus du tableau et qui sont d’or à trois chevrons de gueules, surmontés de trois merlettes de sable posées en chef.
Mathurin Goyran, né à Aixe, était supérieur de ce couvent en 1628. – Frère Demazière du Puygrenier était le gardien en 1683. – Pierre de Saint-Martin, fils de Philippe de Saint-Martin, chevalier seigneur de Bagnac et de Catherine Barbarin en était supérieur avant sa nomination au prieuré de Bezaux en 1685. – Jean-Baptiste Dupeyroux était le gardien de ce couvent au mois d’août 1790 lorsque la Révolution vint le détruire.
La Congrégation des sœurs de Marie-Joseph a commencé à Lyon, mais elle n’a pris sa véritable forme et son nom qu’au mois de février 1841, lorsqu’elle a établi son siège au Dorat dans les bâtiments de l’ancien hôpital qu’avaient construit les chanoines. Elle a été reconnue par l’Etat, en 1852, et approuvée par le Saint-Siège apostolique en 1860.
Le but particulier des religieuses est la réforme morale des pauvres prisonnières. Elles les surveillent, les instruisent, les forment au travail et à la pratique des vertus chrétiennes dans les prisons dont l’Etat lui confie la surveillance ; puis à leur libération, elles leur ouvrent des asiles gratuits ou maison de refuge, où elles peuvent vivre honnêtement en travaillant.
Les religieuses de Marie-Joseph ont eu en France jusqu’à quarante prisons à surveiller, soit maisons centrales ou maisons d’arrêt.
Au Dorat, où est leur maison-mère, elles ont construit, en 1857, sur le terrain qui entoure au sud et à l’ouest l’ancienne église collégiale, un vaste couvent et une chapelle fort remarquable qui a été consacrée le 7 septembre 1862.
Les religieuses franciscaines de Notre-Dame du Temple ont été installées au Dorat en novembre 1860, par M. L’abbé Rougier leur fondateur et premier supérieur. Pierre-Auguste Rougier, né à Bellac en 1818, ordonné prêtre le 20 décembre 1851, fut d’abord vicaire au Dorat, puis curé des Salles-Lavauguyon. C’est dans cette paroisse qu’il commença le 25 mars 1858, l’établissement de religieuses franciscaines, chargées des maisons de retraite pour les prêtres âgés et infirmes. Deux ans après il transporta au Dorat la maison – mère de cet institut, qui a maintenant plusieurs maisons en France et en Belgique. Il est mort au Dorat le 5 mars 1895. Mgr Duquesnay, évêque de Limoges, a approuvé le 12 août 1879 les constitutions de cet institut. Le Père Othon, de l’ordre des frères mineurs, a publié, en 1909, la vie de l’abbé Pierre-Auguste Rougier, fondateur des Franciscaines de Notre-Dame du Temple.
Les villages de la commune du Dorat sont :
Age-Malcouronne (L’), avec un très bel étang, dans l’ancienne paroisse de Voulons. – Jean Aisgrepée, écuyer, est seigneur de l’Age-Malcouronne en 1420. Pierre Grespet (pour Aisgrepée) chanoine du Dorat, est qualifié sieur de l’Age-Malcouronne, en 1498. François Poitevin, écuyer, épousa Anne Aisgrépée et devint seigneur de l’Age-Malcouronne en 1512. Jehan du Chiron, écuyer, était seigneur de l’Age-Malcouronne en 1577, ses armes sont d’azur à trois échelles d’or, 2 et 1, accompagnée de trois étoiles de même, 2 en chef et 1 en pointe.
Jacques de Brujas, sénéchal du Dorat, en était seigneur en 1592. Guillaume Sornin, avocat du roi au siège royal du Dorat, acheta la seigneurie de l’Age-Malcouronne à Renée de Brujas le 7 mars 1627. Sornin porte pour armes d’argent à la bande de sable, accompagnée de trois étoiles de dix rais posées 1 en chef à semestre, 2 en pointe, au chef cousu d’or et de gueules.
Louis du Theil est seigneur de l’Age-Malcouronne en 1740, et Jacques, marquis du Theil, est à l’assemblée de la noblesse de la Basse-Marche au Dorat en 1789. Cette famille porte d’or au lion de gueules, arme, lampassé et couronne d’argent au chef d’azur.
Barre (La), dont était seigneur le lieutenant particulier Brujas en 1557 et 1586, et noble Jacques Brujas en 1624.
Barre ( Moulin de la ), sur la Brame .
Bauderie ( La )
Bois de Lavaud . – Pierre Orlhe, sieur du bois de Lavaud en 1580 et Jacques Robert en 1597.
Caille ( Moulin de la ) sur la Brame.
Charauds ( Les )
Chatelaumance.
Clos ( Le) – Jean Neymond était sieur de Pezard et du Cros en 1586. Les armes de la famille Neymond ou Nesmond sont d’or à trois cors de sable enguichés de gueules.
Eycurat ou Escurat, de l’ancienne paroisse de Voulons, Robert Chanenc était seigneur d’Escurat en 1347. – Jean Guyonnet, en 1405, possédait Escuras comme époux de noble Jeanne Galette, Robinet d’Escurat est seigneur dudit lieu en 1498, Guillaume Chesne sieur d’Escurat et du Pescher épousa en 1562 Marguerite de Raymond et mourut sans postérité. Pierre Barton de Montbas devint propriétaire d’Escurat par son mariage avec Louise de Raymond en 1704. Ses armes sont d’azur, au cerf à la reposé d’or, au chef échiqueté d’or et de gueules à trois traits.
Faye.
Fontcombeaux.
Fontréaux, berceau de la famille de ce nom, dont les armes sont d’argent au soleil de gueules, et une fasce abaissée de même.
Gagnerie ( La) Pierre du Peyroux , écuyer, seigneur de la Gagnerie et du Cros, 1577. Joseph Boucheuil, sieur de la Gagnerie, avocat au parlement, procureur fiscal de la ville du Dorat, puis sénéchal, épousa le 5 août 1586 Esther de Marent. Leur fils Joseph Boucheuil, avocat au parlement, juge sénéchal de la baronnie du Riz-Chauveron, procureur fiscal de la justice seigneuriale du chapitre du Dorat, puis de la même ville, a publié en 1627, en deux volumes in 4e « le Coutumier général, ou corps et compilation de tous les commentateurs sur la Coutume des Comté et pays du Poitou », et aussi un « Traité des conventions de succéder ou successions conventuelles ».
La famille Boucheuil porte pour armes d’azur à deux fasces d’or, accompagnées an chef à dextre d’un croissant d’argent, et à semestre, ainsi qu’en pointe d’une étoile d’or.
Garde (La). Jacques Bléreau, écuyer, seigneur de la Garde, était au ban de 1577.
Gaudinottes (Les).
Grands champs (Les)
Grange ( La).
Grange du Poirier (La).
Grange Richard (La).
Grange Trémouille (La).
Lac (Le).
Mas-Courgue.
Mas Villaud.
Monts (Les).
Montgomard.
Pécher (Le). – Guillaume Chesne était sieur du Pescher et d’Escurat en 1562. Ses armes sont d’azur à trois glands d’or ; Jean du Chalard, lieutenant particulier au siège royal du Dorat, qui mourut en 1707, était sieur du Pécher, de la Chassagne, etc… Ses armes sont d’azur à trois larmes d’argent.
Pévinoux.
Pezard. – François de Neymond, seigneur de Pezard était au ban de 1577. Jean de Neymond, lieutenant des eaux et forêts de la Basse-Marche, sieur de Pezard en 1612.
Pomereix.
Quesnes (Les).
Récollets (Les). – Jadis l’Hermitage de Notre-Dame de Recouvrance.
Rifauderie.
Sagne (La).
Saint-Cloud.
Saint-Cloud (Moulin de), sur la Brame.
Sebioune (La).
Tuilerie (La).
Valette (La), Jacques Vacherie, conseiller du roi, commissaire général des saisies réelles de la Haute-Marche, qui avait épousé Geneviève Robert, était sieur de la Valette en 1740.
Voulons, Volonnum, a été le chef-lieu d’une paroisse jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Il fut aussi un chef-lieu de commune dans la nouvelle division du département, mais en 1821, le Conseil général de la Haute-Vienne, conformément à une demande du conseil d’arrondissement de Bellac, en demande la réunion à la commune du Dorat à laquelle il était déjà uni pour le spirituel. C’est ce qui eut lieu.
On voit dans un prétendu acte du roi Pépin, qu’en 837, ce prince donna au monastère de la Règle sa croix de Voulons. Ce fut un prieuré de filles et différents actes constatent qu’il y avait encore des religieuses en 1626 et l’abbesse de la Règle y nommait les prieures, au moins depuis 1554. Saint-Sébastien en était le patron.
La cure de Voulons était aussi sous le patronage de Saint-Sébastien, et les curés étaient nommés par l’abbesse de la Règle comme on le voit par des actes depuis 1531, jusqu’à la Révolution. A la fin du XVIIIe siècle cette paroisse avait 250 communiants (environ 334 habitants). L’église et le cimetière que les habitants du lieu désiraient beaucoup conserver, furent cependant interdis le 30 avril 1807 par ordonnance de Mgr l’évêque de Limoges.
J.D. de La Chaulme était curé de Voulons en 1622. – Antoine Nony ou Nouy, en 1681, lorsqu’il permuta avec le suivant le 20 octobre. – François Moreau en 1681. – N… Faulte en 1727. – N… Deloménie en 1773.
Guillaume Chanenc, chevalier, fonda dans cette église une vicairie en l’honneur de Saint-Sébastien, elle fut érigée par Robert son frère, prêtre, et seigneur d’Eycurat, le mercredi après la Sainte-Agathe, 6 février 1347 (vieux style) ; elle était à l’autel de Sainte-Catherine .
L’abbesse de la Règle la conférait à un titulaire en 1405, et ce furent les héritiers et successeurs dans la seigneurie d’Eycurat qui eurent ensuite ce droit de nomination ; Jean Guionet, damoiseau, comme mari de noble Jeanne Galette en 1405. Chesne en 1619. François de Raymond, écuyer en 1656. Gabriel-François de Raymond, seigneur du Bas et Haut Monteil, président lieutenant-général civil en la sénéchaussée de la Basse-Marche en 1682. Pierre Barton, chevalier, comte de Montbas, seigneur de Lubignac, Ozonville, Monthaumar, Haut et Bas Monteil comme mari de Louise de Raymond en 1720. Pierre-Louis-Jean Barton en 1766.
Il y avait aussi une autre vicairie dite de Notre-Dame-de-la-Paix